
Après avoir lu des ouvrages et côtoyé des chercheurs sur le magnétisme, il essaya d’exercer les astreignantes passes magnétiques manuelles, sans grand résultat. Il se tourna alors vers l’hypnose et la suggestion avec des séances collectives autour du « baquet », dans le but de provoquer l’hystérie collective faussement appelée crise magnétique. Je vous fais grâce des détails croustillants. Le résultat : faire retomber les magnétiseurs en disgrâce et confondre le magnétisme avec l’hypnose et avec son serviteur la suggestion. L’hypnose fut immédiatement reprise par le neurologue Charcot à la Salpêtrière. Et là commence une autre histoire.
En 1846 : sermon de Jean-Baptiste-Henri Lacordaire (Père Henri Dominique Lacordaire 1802 - 1861) dans la cathédrale Notre-Dame « vous invoquez donc les forces magnétiques. : et bien j’y croit sincèrement, fermement… Dieu a voulu qu’il y ait dans la nature des forces irrégulière irréductible a des formules précises, presque inconstatables par des procédés scientifiques… Le magnétisme est une parcelle brisée d’un grand palais, c’est le dernier rayon de la puissance académique destiné à confondre la raison humaine et à l’humilier devant Dieu… »
Nombreux furent les prélats qui s’adonnèrent au magnétisme.
Les émissaires du Saint Siège utilisèrent la pratique du magnétisme pour justifier les scènes de perversité qu’ils rapportaient fidèlement au Vatican. Une fois de plus le magnétisme fut corrompu.
En 1856 : lettre encyclique de la sainte inquisition romaine et universelle à tous les évêques contre les déviances du magnétisme, pour en réprimer les abus. (Texte ci-après)
Le Saint-Office ne condamne pas le magnétisme en lui-même, il condamne les abus. Il approuve l’usage du magnétisme pour la science, mais il réprouve l’usage du magnétisme en vue d’obtenir des phénomènes pervers.
Il fût nécessaire de démêler le magnétisme et les phénomènes de l’hypnotisme ou magnétisme animal.
« Mercredi, 30 juillet 1856 ».
« Dans la réunion générale de la sainte Inquisition romaine universelle tenue au couvent de Sainte-Marie de la Minerve, les cardinaux inquisiteurs généraux contre l’hérésie dans tout le monde chrétien, après avoir mûrement examiné tout ce qui leur a été rapporté de divers côtés par des hommes dignes de foi, touchant la pratique du magnétisme, ont résolu d’adresser la présente encyclique à tous les évêques pour en réprimer les abus.
Car il est bien constaté qu’un nouveau genre de superstition a surgi des phénomènes magnétiques auxquels on s’attache aujourd’hui, non point pour éclairer les sciences physiques, comme cela devrait se faire, mais pour séduire les hommes, dans la persuasion de découvrir les choses cachées ou éloignées ou futures, au moyen et par les prestiges du magnétisme, et surtout par l’intermédiaire de certaines forces qui sont uniquement sous la dépendance du magnétiseur ».
« Déjà plusieurs fois le Saint-Siège, consulté sur des cas particuliers, a donné des réponses qui condamnent comme illicites toutes expériences faites pour obtenir un effet en dehors de l’ordre naturel ou des règles de la morale, et sans employer les moyens permis : c’est ainsi que, dans des cas semblables, il a été décidé, le mercredi 2I avril 1841, que l’usage du magnétisme tel que l’expose la demande n’est pas [p. 706] permis. De mème, la sainte congrégation a jugé à propos de défendre la lecture de certains livres qui répandaient systématiquement l’erreur en cette matière. Mais comme en outre des cas particuliers, il fallait prononcer sur la pratique du magnétisme en général, il a été établi comme règle à suivre, le mercredi 28 juillet 1847 : « En écartant toute erreur, tout sortilège, toute invocation implicite ou explicite du démon, l’usage du magnétisme, c’est-à-dire le simple acte d’employer des moyens physiques non interdits d’ailleurs, n’est pas moralement défendu, pourvu que ce ne soit pas dans un but illicite ou mauvais en quoi que ce soit. Quant à l’application de principes et de moyens purement physiques à des choses ou des effets vraiment surnaturels pour les expliquer physiquement, ce n’est qu’une illusion tout à fait condamnable et une pratique hérétique ».
« Quoique ce décret général explique suffisamment ce qu’il y a de licite ou de défendu dans l’usage ou l’abus du magnétisme, la perversité humaine a été portée à ce point, qu’abandonnant l’étude régulière de la science, les hommes, voués à la recherche de ce qui peut satisfaire la curiosité, au grand détriment du salut des âmes et, même au préjudice de la société civile, se vantent d’avoir trouvé un moyen de prédire et de deviner. De là, ces femmes au tempérament débile, qui, jetées par des gesticulations où la pudeur est souvent offensée dans les transports du somnambulisme et de la clairvoyance, prétendent voir à découvert le monde invisible, et s’arrogent, dans leur audace téméraire, la faculté de parler sur la religion, d’évoquer l’âme des morts, de recevoir des réponses, de découvrir des choses inconnues ou éloignées, et de pratiquer d’autres superstitions de ce genre pour se faire à elles mêmes et à leurs maîtres des gains considérables par leur don de divination ».
« Quels que soient l’art ou l’Illusion qui entrent clans tons ces actes comme on y emploie des moyens physiques pour obtenir des faits qui ne sont pas naturels, il y a fourberie tout à fait condamnable, hérétique, et scandale contre la pureté des mœurs. Aussi, pour réprimer efficacement un si grand mal, souverainement funeste à la religion et à la société civile, on ne saurait trop exciter la sollicitude pastorale, la vigilance et le zèle de tous les évêques ».
« Qu’autant donc qu’ils le pourront, avec le secours de la grâce divine, les ordinaires des lieux emploient tantôt les avertissements de leur paternelle charité, tantôt la sévérité des reproches, tantôt enfin toutes les voies de droit, selon qu’ils le jugeront utile devant le Seigneur, en tenant compte des circonstances de temps, des lieux et des personnes ; qu’ils mettent tous leurs soins à écarter ces abus du magnétisme et les faire cesser, afin que le troupeau du Seigneur soit défendu contre les attaques de l’homme ennemi, que le dépôt de la foi soit gardé sauf et intact, et que les fidèles confiés à leur sollicitude soient préservés de la corruption des mœurs ».
Donné à Rome, à la chancellerie du Saint-Office du Vatican, le 4 août 1856. Cardinal Vincenzo Macchi (1832 – 1907)