Mesmer était un franc-maçon. Il jouissait du privilège de pouvoir consulter des ouvrages. En autre, les travaux du médecin grec du 2ème siècle Claudius (Aelius) Galenus (Galien) (129 - 216) ont été exploités par Mesmer. Notamment, l'idée d'une même tige qui se divise en sept branches lui a donné l'idée des sept pôles magnétiques. Mesmer, comme Nostradamus a mis le feu aux livres utilisés, heureusement, presque par miracle, quelques-uns ont échappé à ces petits malins.
Après avoir lu des ouvrages et côtoyé des chercheurs sur le magnétisme, il essaya d’exercer les astreignantes passes magnétiques manuelles, sans grand résultat. Il se tourna alors vers l’hypnose et la suggestion avec des séances collectives autour du « baquet », dans le but de provoquer l’hystérie collective faussement appelée crise magnétique. Je vous fais grâce des détails croustillants. Le résultat : faire retomber les magnétiseurs en disgrâce et confondre le magnétisme avec l’hypnose et avec son serviteur la suggestion. L’hypnose fut immédiatement reprise par le neurologue Charcot à la Salpêtrière. Et là commence une autre histoire.
Que pensez-vous des 27 propositions de Mesmer ?
Le texte en bleu correspond aux corrections effectuées par le magnétiseur de Royan.
1. Lorsqu’une influence existe, elle n’est pas obligatoirement mutuelle.
2. Aucun fluide universel est répandu de manière à ne souffrir d’aucun vide. Cette influence n’a pas besoin de moyen.
3. Cette action réciproque ou non est soumise à des lois « mécaniques » connues.
4. L’observation des marées et le manque de puissance de certains pratiquants ont donné la conception des effets alternatifs, considérés comme un flux et un reflux. Il résulte de cette action des effets continus.
5. Ce flux et parfois ce reflux sont plus ou moins généraux, plus ou moins particuliers, plus ou moins composées, selon la nature des causes qui les déterminent.
6. Ce n’est pas par cette opération que les relations d’activité s’exerceraient entre les corps célestes, la terre et ses parties constitutives.
7. Les propriétés de la matière et du corps organisé ne dépendent pas uniquement de cette opération.
8. Le corps… ; et ce n’est pas en s’insinuant dans… immédiatement.
9. Il se manifeste, particulièrement dans le corps humain, des propriétés non analogues à celles de l’aimant ; on y distingue des pôles … est observé. À partir d’un niveau de connaissance, il y a vision d’un phénomène pouvant s’apparenter à une polarité, d’où la confusion avec des pôles.
10. La croyance de l’analogie avec l’aimant, l’a déterminé à la nommer magnétisme animal.
11. Rien n’est inanimé.
12. Idem.
13. Sans aucune perte.
14. La distance n’existe pas.
15. Elle peut être réfléchie par les glaces, comme la lumière dans certains cas.
16. Elle n’est pas communiquée, augmentée, propagée par le son.
17. Cette vertu magnétique peut-être accumulée, concentrée et transportée. Exacte.
18. J’ai dit que les corps animés n’en étaient pas également dotés. De même, il existe d’autres corps, quoique très rares, aux propriétés si opposées, que leur seule présence ne détruit pas tous les effets de ce magnétisme dans certains corps et non les autres corps.
19. Cette vertu opposée ne pénètre pas tous les corps ; Elle ne peut se conserver.
20. L’aimant n’est pas capable d’émettre du magnétisme ou vertu opposée. L’aimant naturel est dans le règne minéral et n’a aucune action dans le règne animal.
21. Ce système ne fournira pas de nouveaux éclaircissements sur la nature du feu … et de l’électricité.
22. L’aimant et l’électricité artificielle n’ont pas de propriétés utiles à l’égard des malades. Pas de comparaison avec le magnétisme.
23. Les faits n’ont rien établi.
24. Qu’avec son secours, le médecin n’est pas éclairé sur l’usage des médicaments (chacun son rôle) ; qu’il …
25. En communiquant ma méthode et pourtant en colère avec ceux qui communiquent réellement, je démontrerai et malheureusement rien n’a été démontré. L’utilité est bien réelle.
26. Avec cette connaissance, nous empêchons l’accroissement et parvenons à leur guérison,
27. Ce n’est pas une doctrine, le Juste médecin a ses outils et nous pouvons lui faire confiance. L’art de guérir, par son principe, ne peut parvenir à sa dernière perfection. Sans jamais exposer le malade à des effets dangereux ou des suites fâcheuses …, jouiront du même avantage.
les prélats utilisèrent la pratique du magnétisme
En 1846 : sermon de Jean-Baptiste-Henri Lacordaire (Père Henri Dominique Lacordaire 1802 - 1861) dans la cathédrale Notre-Dame « vous invoquez donc les forces magnétiques. : et bien j’y croit sincèrement, fermement… Dieu a voulu qu’il y ait dans la nature des forces irrégulière irréductible a des formules précises, presque inconstatables par des procédés scientifiques… Le magnétisme est une parcelle brisée d’un grand palais, c’est le dernier rayon de la puissance académique destiné à confondre la raison humaine et à l’humilier devant Dieu… »
Nombreux furent les prélats qui s’adonnèrent au magnétisme.
Les émissaires du Saint Siège utilisèrent la pratique du magnétisme pour justifier les scènes de perversité qu’ils rapportaient fidèlement au Vatican. Une fois de plus le magnétisme fut corrompu.
En 1856 : lettre encyclique de la sainte inquisition romaine et universelle à tous les évêques contre les déviances du magnétisme, pour en réprimer les abus. (Texte ci-après)
Le Saint-Office ne condamne pas le magnétisme en lui-même, il condamne les abus. Il approuve l’usage du magnétisme pour la science, mais il réprouve l’usage du magnétisme en vue d’obtenir des phénomènes pervers.
Il fût nécessaire de démêler le magnétisme et les phénomènes de l’hypnotisme ou magnétisme animal.
« Mercredi, 30 juillet 1856 ».
« Dans la réunion générale de la sainte Inquisition romaine universelle tenue au couvent de Sainte-Marie de la Minerve, les cardinaux inquisiteurs généraux contre l’hérésie dans tout le monde chrétien, après avoir mûrement examiné tout ce qui leur a été rapporté de divers côtés par des hommes dignes de foi, touchant la pratique du magnétisme, ont résolu d’adresser la présente encyclique à tous les évêques pour en réprimer les abus.
Car il est bien constaté qu’un nouveau genre de superstition a surgi des phénomènes magnétiques auxquels on s’attache aujourd’hui, non point pour éclairer les sciences physiques, comme cela devrait se faire, mais pour séduire les hommes, dans la persuasion de découvrir les choses cachées ou éloignées ou futures, au moyen et par les prestiges du magnétisme, et surtout par l’intermédiaire de certaines forces qui sont uniquement sous la dépendance du magnétiseur ».
« Déjà plusieurs fois le Saint-Siège, consulté sur des cas particuliers, a donné des réponses qui condamnent comme illicites toutes expériences faites pour obtenir un effet en dehors de l’ordre naturel ou des règles de la morale, et sans employer les moyens permis : c’est ainsi que, dans des cas semblables, il a été décidé, le mercredi 2I avril 1841, que l’usage du magnétisme tel que l’expose la demande n’est pas [p. 706] permis. De même, la sainte congrégation a jugé à propos de défendre la lecture de certains livres qui répandaient systématiquement l’erreur en cette matière. Mais comme en outre des cas particuliers, il fallait prononcer sur la pratique du magnétisme en général, il a été établi comme règle à suivre, le mercredi 28 juillet 1847 : « En écartant toute erreur, tout sortilège, toute invocation implicite ou explicite du démon, l’usage du magnétisme, c’est-à-dire le simple acte d’employer des moyens physiques non interdits d’ailleurs, n’est pas moralement défendu, pourvu que ce ne soit pas dans un but illicite ou mauvais en quoi que ce soit. Quant à l’application de principes et de moyens purement physiques à des choses ou des effets vraiment surnaturels pour les expliquer physiquement, ce n’est qu’une illusion tout à fait condamnable et une pratique hérétique ».
Usage ou abus du magnétisme
« Quoique ce décret général explique suffisamment ce qu’il y a de licite ou de défendu dans l’usage ou l’abus du magnétisme, la perversité humaine a été portée à ce point, qu’abandonnant l’étude régulière de la science, les hommes, voués à la recherche de ce qui peut satisfaire la curiosité, au grand détriment du salut des âmes et, même au préjudice de la société civile, se vantent d’avoir trouvé un moyen de prédire et de deviner. De là, ces femmes au tempérament débile, qui, jetées par des gesticulations où la pudeur est souvent offensée dans les transports du somnambulisme et de la clairvoyance, prétendent voir à découvert le monde invisible, et s’arrogent, dans leur audace téméraire, la faculté de parler sur la religion, d’évoquer l’âme des morts, de recevoir des réponses, de découvrir des choses inconnues ou éloignées, et de pratiquer d’autres superstitions de ce genre pour se faire à elles mêmes et à leurs maîtres des gains considérables par leur don de divination ».
« Quels que soient l’art ou l’Illusion qui entrent clans tons ces actes comme on y emploie des moyens physiques pour obtenir des faits qui ne sont pas naturels, il y a fourberie tout à fait condamnable, hérétique, et scandale contre la pureté des mœurs. Aussi, pour réprimer efficacement un si grand mal, souverainement funeste à la religion et à la société civile, on ne saurait trop exciter la sollicitude pastorale, la vigilance et le zèle de tous les évêques ».
« Qu’autant donc qu’ils le pourront, avec le secours de la grâce divine, les ordinaires des lieux emploient tantôt les avertissements de leur paternelle charité, tantôt la sévérité des reproches, tantôt enfin toutes les voies de droit, selon qu’ils le jugeront utile devant le Seigneur, en tenant compte des circonstances de temps, des lieux et des personnes ; qu’ils mettent tous leurs soins à écarter ces abus du magnétisme et les faire cesser, afin que le troupeau du Seigneur soit défendu contre les attaques de l’homme ennemi, que le dépôt de la foi soit gardé sauf et intact, et que les fidèles confiés à leur sollicitude soient préservés de la corruption des mœurs ».
Donné à Rome, à la chancellerie du Saint-Office du Vatican, le 4 août 1856. Cardinal Vincenzo Macchi (1832 – 1907)